Irriguant de ses méandres l’Europe entière, l’EuroVelo propose des parcours cyclistes uniques qui permettent de découvrir les différents paysages et les différents visages de notre continent. Parmi toutes ces pistes cyclables « longue- distance », ma petite reine et moi zyeutons du côté de la ViaRhôna pour un nouveau voyage à vélo. Comme son nom l’indique, cet itinéraire suit le Rhône et permet de moudre du braquet le long de ses berges, parmi les plus belles d’Europe. Oh temps suspend ton vol ! Et fleuve ne suspend pas ton flot ! Roulons ensemble vers des randonnées inoubliables et intenses qui relient le cœur vert de la Suisse aux rivages bleus du Sud de la France…
L’EuroVelo 17 – Section suisse.
Du Valais helvète au Midi français, la véloroute « EuroVelo 17 » nous conduit des majestés alpines aux éclatantes beautés de la Méditerranée en 1 100 km qui accompagnent tout le parcours du Rhône de sa source à son embouchure.
Au départ, à Antermatt, le trajet se déroule parmi les pâturages de la vallée d’Urseren pour monter jusqu’au col de Furka à 2 430 mètres d’altitude. Voilà la seule grosse difficulté de cette section franchie et on entame alors une formidable descente le long des grottes du glacier du Rhonegletscher. Direction le Goms, où le tout jeune Rhône, nommé « Rotten », traverse prairies et villages authentiques au cœur des Alpes valaisannes tout en se chargeant de vigueur.
Devenu indomptable, le fleuve élargit la vallée pour accompagner vos coups de pédales sur la route du vin du Valais puis au cœur de la réserve naturelle du Bois de Finges, la plus grande forêt de pins de Suisse. Après le Val d’Anniviers et Sierre, la randonnée cycliste file au plus près de fleuve vers le lac de la Brèche, invitation turquoise au rafraichissement. A Sion, ce sont les petits lacs de baignade, les Iles, qui sauront vous convaincre de lâcher le guidon. Puis le Rhône se coude au niveau de Martigny et de sa tour blottie entre coteaux et forêts, et la ViaRhôna se poursuit vers le lac Léman. Sur le chemin du lac, la réserve naturelle d’Evionnaz et l’abbaye de Saint Maurice valent le coup de mettre pied à terre. Pédaler dès lors devient synonyme de totale détente, en évolution avec le fleuve, dans ce qu’on appelle le Chablais.
Autour de cette petite mer d’argent qu’est le lac Léman, Vevey, Montreux, Lausanne sont des étapes où les passionnés de cyclisme se croisent et peuvent partager leurs expériences. L’activité est plus importante là-bas et, entre montées et descentes, apparaissent les charmants coteaux de Lavaux. Vers Morges, les rives se révèlent moins accessibles, les villas, les bateaux plus imposants et luxueux, et l’itinéraire vélo complètement balisé s’éloigne et se rapproche du lac permettant de le découvrir sous toutes ses facettes.
Bouquet final de la partie Suisse de l’EuroVelo 17 : Genève et son jet d’eau de 140 mètres. Le Rhône y resurgit et une boucle de 26 km autour de la grande cité suisse cosmopolite nous permet de sillonner les vignobles et les champs de Champagne genevoise.
ViaRhôna – Section française
La partie française de la Via Rhôna débute sur l’autre rive du lac Léman, à Saint-Gingolph. Reliant la très thermale Evian, cette première étape tricolore demande un entraînement certain. Les familles démarreront l’itinéraire de préférence à Thonon-les-Bains. De là, pistes cyclables et petites routes nous emportent à la découverte du Bas-Chablais et de ses villages médiévaux, nous ramenant doucement vers Genève.
Eurocyclistes suisses ou français, nous nous retrouvons donc tous dans la métropole internationale pour lancer nos bicycles vers Vulbens puis Seyssel, via le défilé de l’Ecluse. Cette étape par monts et par vaux propose des panoramas d’exception sur le Rhône et ses paysages, ainsi que de nombreux loisirs et activités autour de la thématique fluviale. Il est à noter que certaines parties de cette étape sont réservées à des cyclistes confirmés et déconseillées aux enfants.
Entre Seyssel et Belley, l’EuroVelo passe d’une rive du Rhône à l’autre pour nous entraîner de crêtes en plateaux, de cascades en lacs, tandis qu’en roulant vers Groslée, nous cheminons entre le massif du Grand Colombier et le marais de Lavours. Parmi la variété enivrante de ses paysages, les amoureux de la petite reine et de la nature seront aux anges, d’autant que la très grande majorité du trajet s’effectue sur voies vertes et routes aménagées. L’éblouissement se poursuit jusqu’à la Balme-les-Grottes pour une balade de niveau intermédiaire en bord de Rhône, parmi les beautés cachées du Bugey. En glissant vers Jons, on rejoint très progressivement les balcons du Rhône pour une succession de châteaux, vignobles et villages authentiques que l’on découvre via de charmantes petites routes peu fréquentées.
S’approchant de Lyon, la ViaRhôna joue avec intelligence de l’environnement urbanisé pour tracer un parcours familial entre plans d’eaux et parcs. Elle se laisse ensuite aller sur les berges aménagées du fleuve. Pour s’éloigner de l’effervescence de la cité lyonnaise et rallier Givors, le train est fortement conseillé. Vient ensuite l’étape entre Saint-Romain-en-Gal et Sablons, remarquable tant par la variété des paysages que par sa richesse historique. Vous êtes alors dans le département de la Drôme, et ce département vous promet de très belle chose. Dont la réserve naturelle de l’île du Beurre, vignobles en terrasse parmi lesquels le prestigieux Côte-Rôtie et vergers, mais aussi à Tain-l’hermitage, dans le musée de Valrhona à la découverte de cette magnifique maison du chocolat. Bref voici les merveilles que vous allez découvrir en famille le long de cette voie verte. Le mistral finira par vous pousser tout droit vers les rives de l’Ardèche.
Là, on découvre un Rhône aménagé qui nourrit les terres agricoles et les vignobles, sous le règne du grand et capiteux Saint-Joseph. Le parcours familial entre Glun et Valence permet sur 23 km de vadrouiller dans des paysages et une biodiversité caractéristiques, qui sont comme autant de prémisses surprenant de la Provence. C’est pourtant encore la belle Ardèche qu’on sillonne avec ses grottes, ses sites archéologiques, ses villages typiques et ses réserves naturelles entre la Voulte-sur-Rhône et Le Pouzin, pour une étape de niveau intermédiaire qui réunira aussi bien les cyclistes aguerris que les amateurs de vélocipède.
Ensuite on file en direction de Cruas, Chateauneuf-du-Rhône et Viviers en longeant les lônes. C’est là encore une portion de niveau accessible à tous et qui revêt un fort intérêt patrimonial entre cathédrales, chapelles, et cités historiques que l’on aborde par voies vertes et petites routes. Dans le Vaucluse, on passe rive gauche au sud de Lapalud. L’itinéraire de 35 km et de niveau moyen nous fraie un passage dans la plaine agricole jusqu’au canal de Donzère. Il faut poser le pied à terre pour profiter de la beauté médiévale de Mondragon, de Piolenc et de Mornas avant de reprendre la voie verte le long du Rhône qui mène en douceur à Caderousse.
La Via Rhona nous emmène par la suite vers Châteauneuf-du-Pape. Le vignoble de renom à flanc de coteaux offre d’imprenables points de vue sur la vallée du Rhône. Il faut rester prudent sur la portion suivante entre Sorgues et le Pontet mais, à l’entrée d’Avignon, la voie sur les canaux permet de pédaler en toute sérénité pour traverser la cité des Papes. Après cette étape, le Gard nous accueille pour serpenter au gré des vignobles et des vergers avant de rejoindre le fameux pont du Gard qui nous guide jusqu’à Beaucaire : frontalière entre Languedoc et Provence et intersection avec l’EuroVelo 8.
A cette étape, deux ViaRhona valent mieux qu’une et deux trajets se proposent d’ailleurs au pédaleur émérite. Un parcours vers Port-Saint-Louis-du-Rhône via Arles. Un second qui tire jusqu’à Sète en passant à Aigues-Mortes et à Palavas-les-Flots. Le parcours vers Arles se fait entre les cultures et les vergers dans un paysage quadrillé par les canaux d’irrigation. Cette immersion dans le cœur du Sud fleure bon de milles senteurs et reste accessible même aux amateurs. On passe sur le pont Van Gogh pour rallier le delta du Rhône par une belle voie verte qui déroule jusqu’à Port-Saint-Louis-du-Rhône.
L’autre parcours fluvial reste en attente d’un aménagement le long du canal du Rhône. C’est donc un tracé provisoire qu’on emprunte de Beaucaire à Saint-Gilles flirtant avec la plaine de Camargue toute proche, au beau milieu là aussi des canaux d’irrigation et des cultures. Puis, jusqu’à Gallician, c’est enfin la Camargue, sa faune, sa flore et sa magie uniques ! On emprunte les anciens chemins de halage du canal du Rhône puis on traverse les marais pour atteindre Aigues Mortes. La balade est familiale et mérite même qu’on s’intéresse aux deux boucles au départ de Gallician, qui permettent de sillonner la campagne entre marais et roseaux.
On sent la fin du périple pointer avec la Méditerranée qui monte à l’horizon. Ce sont alors des plages qu’on longe entre Aigues-Mortes, le Grau-du-Roi et Palavas-les-Flots. Le fleuve semble déjà loin quand on serpente entre lagunes et Méditerranée. Le port de Sète nous offre ses plateaux de coquillages en guise de trophée pour périple sans pareil, qui permet à tous de trouver son étape, de valoriser son niveau et de découvrir les innombrables visages du Rhône.