Que ce soit en trekking, sur son spot d’escalade ou durant une descente en kayak, le bivouac reste toujours un moment essentiel et magique. On pose nos sacs à dos, on sort notre équipement et, au beau milieu de notre campement d’une nuit, on se retrouve dans l’intimité de cette nature que l’on a défiée durant la journée. Alors, parmi ces parfums d’enfance que le bivouac ravive et remplis de cette sensation unique de liberté qu’il inspire, on se dit toujours qu’on devrait faire ça plus souvent. Mais où ? Voici la carte de France des plus beaux coins où il faut absolument bivouaquer.
Bivouaquer dans les Écrins
S’ils interdisent pour la plupart d’entre eux le camping sauvage, les parcs nationaux français autorisent le bivouac. Les conditions diffèrent quelque peu suivant les parcs mais se rejoignent sur les questions essentielles : le bivouac est autorisé entre 19h et 9h, s’il est situé à plus d’une heure de route des limites du parc ou d’un accès routier.
Sur la route du GR5, le parc des Ecrins (GR54) revêt des attraits intéressants pour le bivouaqueur émérite et le randonneur entraîné. Lancez-vous dans l’aventure mais lancez-vous avec préparation ! Si les « Rando Ecrins » foisonnent de parcours de tous niveaux, ceux qui offrent d’heureuses possibilités de bivouac sont d’une durée supérieure à 5 heures et se feront en terrain alpin accidenté. Pas question d’arriver sur ce genre d’itinéraire avec des sandalettes et, pour dernier souvenir sportif, la chasse aux œufs du lundi de Pâques ! Veillez à votre condition physique et n’oubliez pas : dans les Ecrins, les petites tentes sont autorisées, tout comme les réchauds individuels. Mais gare aux feux, la législation l’interdit!
Libre à vous ensuite d’étendre votre sac de couchage et de laisser place nette le lendemain.
[apiproduit id= »32997467559,32837294744,32964688056″ limit= »6″ blank= »1″ direct= »1″]Tour du Vieux Chaillot – 5 jours de Bivouac
Le Tour du Vieux Chaillol propose en 5 jours, et autant d’étapes, de rallier les bocages du Champsaur à partir du Valgaudemar et de son étroite vallée. Située au cœur du Parc, cette randonné de près de 100 km prend peu à peu de la hauteur par les cols de Vallonpierre, de Gouiran et de la Valette, pour atteindre le cirque glaciaire du Gioberney. Cette plongée dans la haute-montagne est parfaite pour profiter d’instants bivouacs de toute beauté malgré la présence de refuge comme celui de Vallonpierre ou du Pré de la Chaumette (au cas où le temps ne serait guère clément). L’arrivée au col de la Valette, charnière entre le Valgaudemar et le Champsaur est grandiose. Puis l’heure est venue de longer le Drac Blanc, torrent impétueux, avant de se diriger vers la station de Chaillol à travers bois et torrents. L’itinéraire se poursuit jusqu’aux Paris pour un retour en douceur à la civilisation.
Bivouaquer sur le GR54
Pour que votre immersion rime avec encore plus de sensations, optez pour l’aventure du GR54 au départ de l’Argentière-la-Bessée ou du Bourg d’Oisans. Ces deux boucles sportives vous offriront chacune 15 jours de périple au pied des plus grands sommets des Alpes du Sud. À travers les hameaux d’alpages, à la découverte des vallées et des cols et au cœur d’une flore et d’une faune emblématiques, vous vivrez des bivouacs que vous n’êtes pas près d’oublier grâce à des paysages époustouflants comme les orgues de Cote Belle, ou à des scènes magnifiques comme le vol des vautours-fauves.
Quittons les Alpes méridionales mais avant, n’oublions pas d’attirer votre attention de randonneur toujours curieux sur deux parcs nationaux à arpenter et à découvrir : le parc de la Vanoise et celui du Mercantour. Ils débordent de richesse, de beautés préservées et de lieux privilégiés où, comme dans les Ecrins et loin de toute activité humaine, le bivouac est non seulement autorisé mais carrément conseillé. Quel plaisir que d’entendre le sifflement du réchaud sous la popotte tout en se délectant du couché de soleil sur les montages.
Le tour du Mont Blanc en autonomie complète
Nous restons dans les Alpes et nous remontons vers leur légende : le Mont-blanc. A pied ou à vélo, le tour du seigneur de ces lieux est une magnifique aventure humaine et sportive qui fournira des occasions de bivouacs sans pareilles.
Si les refuges ne manquent pas autour du célèbre sommet, il ne faut pas hésiter à sortir des sentiers battus lors de votre trekking si, bien sûr, les orages de fin d’après-midi vous épargnent. Sans s’écarter trop du GR et de ses hébergements authentiques, on trouve facilement milles lieux magiques pour planter la tente dans la prairie et la tête dans le ciel. D’autant que le bivouac y est bien toléré que ce soit du côté français ou italien : il est autorisé au dessus de 2500 mètres dans le val d’Aoste. Malheureusement la Suisse est plus sévère à son endroit et, du côté helvète, des campings qui n’ont rien de repaire à touristes vous attendent.
Parmi les parcours les plus prometteurs en termes de bivouac et d’immersion autour du Mont-Blanc, que pensez-vous de celui-ci ? Vous effectuez votre départ dans la Réserve Naturelle des Contamines Montjoie, via l’ancienne voie romaine, en direction du col du Bonhomme. Cette marche de près de 5 heures vous permettra, une fois le col atteint, de découvrir en contrebas les beautés du Beaufortain offertes au regard. Le lendemain, gagnez l’Italie par le col des Fours. Sur ce versant, vous arpentez pendant près de 6 heures les alpages et vous pouvez admirer les fantastiques glaciers tout proches : vous êtes au cœur de votre périple. Au cœur même des Alpes. Le troisième jour se déroule en pente douce dans la vallée du Courmayeur. Imaginez : le Mont blanc vous fait face durant tout le parcours Le soir, le meilleur coin pour le bivouac nécessite un ultime effort : il faut remonter un peu pour dormir au pied des Grandes Jorasses. Jour 4 : la Suisse vous voit venir… Par le Grand Col Ferret. Ensuite le mont Dolent s’impose et le panorama sur les cimes environnantes est véritablement enivrant. Cinquième jour : 6 heures de marche parmi les alpages et les villages typiques de la Suisse vous mènent à un point de vue imprenable sur le lac de Champex. On se lève au 6e jour pour vivre certainement l’un des moments les plus intenses de ce parcours, après un passage à 2 665 mètres par la Fenêtre d’Arpette : découvrir le glacier de Trent de cette façon vous coupera le souffle. Pour le dernier jour, passé le col de Balme, une vue magnifique vous accompagne tout au long du chemin vers Montroc-le-Planet, étape finale : la Verte, les Drus et les Aiguilles de Chamonix, toutes les beautés alpines veillent sur la fin de votre tour du Mont-Blanc, remplie de beaux souvenirs de bivouac.
Petit conseil matériel : Pour gagner en poids, vous pouvez choisir de prendre un tarp (une bache), plutôt qu’une tente pour dormir. Vous gagnerez ainsi plusieurs centaines de grammes dans votre sac à dos. Ce qui n’est pas négligeable pour une randonnée au long court. De plus, le tarp est moins sujet à la condensation. En tapis de sol, optez pour une couverture du survie, là aussi c’est du poids économisé. Et comme mat il suffit d’utiliser vos bâtons de marche. A vous la randonnée en mode MUL (Marche ultra légère). Sinon, si vous avez les moyens vous pouvez acheter une tente légère, c’est bien mais ce sera toujours plus lourd qu’un tarp :).
Saint-Jacques de Compostelle : cheminer et bivouaquer
Le célèbre pèlerinage comporte autant de possibilités de bivouacs que de chemins, c’est dire… En tout cas sur sa partie française… Car la guardia civile veille au grain après les Pyrénées, car le bivouac est interdit en Espagne. S’il est vrai que les chemins de Compostelle sont nombreux ‑ ne serait-ce qu’en France ‑ entre les itinéraires classiques et les voies contemporaines, le plus appétissant pour le bivouaqueur reste la via Podiensis.
Le nom vient du Puy-en-Velay d’où part le plus célèbre et le plus riche des chemins de Compostelle. Longue de 1 530 km, cette voie est balisée comme GR65 et ce, depuis Genève. Sur ces quelques 730 kilomètres entre le Puy-en-Velay et Saint-Jean-Pied-de-Port, les refuges et les solutions d’hébergement ne manquent pas entre l’accueil jacquaire, les gîtes communaux et les campings. Pour le bivouac en toute liberté, le vrai, les coins sont aussi très nombreux et celui qui sait explorer à proximité des endroits dédiés au pèlerin trouvera des endroits où poser son campement en toute tranquillité.
Mais, avant de se lancer dans l’aventure, rappelons la règle absolue sur les chemins de Compostelle : le voyager se fait léger. Pour assurer votre confort, votre plaisir et surtout pour être certain de finir votre parcours, il convient de ne pas vous charger trop. Moins de 8 kg de matériel c’est vraiment l’idéal, surtout quand on sait que le poids est la principale cause d’abandon sur les longs chemins de Compostelle.
Partons donc, amis « bivouacoeurs », du Puy en Velay pour un chemin chargé d’histoire et de promesses de campements idylliques, en live sous la voûte étoilée. Trente-deux étapes d’une vingtaine de kilomètres chacune nous attendent pour une traversée de paysages dont la variété et la beauté incroyables vont conquérir les arpenteurs de tout bord et de tout bois : le massif de la Margeride, le Gévaudan, le légendaire plateau de l’Aubrac, la vallée du Lot, les Causses du Quercy, la Gascogne et ses vallons pour finir au pied des Pyrenées. Quant aux nombreuses villes que vous traverserez, elles sont aussi autant de perles sur votre chemin : Figeac, Cahors, Conques, Moissac…
Il faut compter une trentaine de jours de marche pour atteindre Saint-Jean-Pied-de-Port. Pour cela, vous pouvez bien sûr suivre l’itinéraire GR65 qui évite le bitume et enchaîne les sites spectaculaires. Sachez aussi qu’il existe aussi un « itinéraire pèlerin », plus direct qui relie Le Puy à Monistrol. Celui est assez méconnu bien qu’il présente des attraits importants par rapport au parcours Grande Randonnée. Cette « Voie historique », beaucoup moins fréquentée, est aussi moins commerciale et offre des opportunités d’immersion dans la nature plus en adéquation avec l’esprit bivouac que nous recherchons. Elle comporte aussi cependant, il ne faut pas l’ignorer, des sections sur bitume malheureusement assez dangereuses.
L’avantage du GR65 est d’être totalement balisé. Passé la Margeride et l’Aubrac, on arrive sur l’abbatiale de Sainte-Foy de Conques. Ensuite c’est la Vallée du Lot qui nous conduit jusqu’à Saint-Cirq-Lapopie, village parmi les plus beaux de France et de Navarre. On repasse sur le Lot à Cahors par l’impressionnant pont Valentré qui date du Moyen-âge. Rocamadour n’est pas loin et mérite le détour. Le chemin se poursuit vers le Sud-Ouest vers Moissac et l’Abbaye Saint-Pierre avant de franchir la Garonne. Puis on traverse l’inénarrable Gascogne et le Pays Basque. Là-bas, dans ces pays fiers et splendides, délaisser les grands chemins pour découvrir des spots de bivouac surprenants est la meilleure façon de vivre à fond ce parcours qui nous plonge à la fois dans la nature et dans l’Histoire.